Les motivations d’une maman refusant la garde alternée : mythe ou réalité ?

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Nathalie, mère de deux enfants, se bat pour obtenir la garde exclusive. Derrière ce choix, souvent critiqué, se cachent des motivations profondes. Pour certains, il s’agit d’un mythe, nourri par des stéréotypes sur les mères possessives. Pour d’autres, c’est une réalité où s’entremêlent préoccupations légitimes et expériences personnelles.

Entre les préoccupations pour le bien-être des enfants, la stabilité émotionnelle et les relations parfois conflictuelles avec l’ex-conjoint, les raisons peuvent être multiples. Nathalie, tout comme de nombreuses autres mères, souhaite avant tout protéger ses enfants et garantir leur épanouissement dans un environnement stable et sécurisant.

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Les raisons pratiques et logistiques du refus de la garde alternée

Plusieurs facteurs pratiques et logistiques peuvent expliquer le refus de la garde alternée. La Cour d’appel de Bordeaux a fréquemment décidé de refuser ce type de garde si l’un des parents a une profession trop prenante. Une carrière exigeante, des horaires de travail atypiques ou des déplacements fréquents peuvent compliquer la mise en place d’une résidence alternée équilibrée.

Selon une étude de l’INSEE, la proportion d’enfants sous le régime de la résidence alternée a doublé entre 2010 et 2016. Cette augmentation ne signifie pas que ce mode de garde est adapté à toutes les situations familiales. Les contraintes professionnelles et géographiques peuvent rendre difficile une organisation stable et harmonieuse pour les enfants.

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Les raisons pratiques de refuser la garde alternée incluent souvent :

  • La distance géographique entre les domiciles des deux parents
  • Les contraintes professionnelles de l’un ou des deux parents
  • Les infrastructures scolaires et périscolaires non adaptées
  • Le manque de communication et de coopération entre les ex-conjoints

Trouver un équilibre entre les aspirations professionnelles et les besoins des enfants reste un défi complexe. La stabilité et le bien-être des enfants demeurent prioritaires dans les décisions judiciaires concernant la garde. Le juge aux affaires familiales doit souvent arbitrer des situations délicates où les intérêts des enfants sont au cœur des préoccupations.

Les préoccupations émotionnelles et psychologiques des mères

L’impact psychologique de la garde alternée sur les enfants et leurs mères soulève des questions complexes. Sonia Cherifi, pédopsychiatre, affirme : « Un enfant ne peut jamais choisir chez quel parent aller. » Cette affirmation met en lumière le conflit de loyauté auquel les enfants peuvent faire face. Armelle Vautrot, psychologue, explique que demander leur avis les placerait dans une position délicate vis-à-vis de leurs parents.

F. Cyr, psychologue clinicien, observe que tous les troubles chez les enfants sont dus au conflit entre les parents et disparaissent si la résidence alternée est consensuelle. P. Levy-Soussan, H. Rottman et E. Izard montrent que des troubles psychiques peuvent être observés même en l’absence de conflit parental. Ces observations soulignent la complexité des enjeux émotionnels liés à la garde alternée.

Les enfants peuvent manifester des symptômes de stress et d’angoisse. Ludovic, un jeune garçon, présente des troubles persistants depuis la mise en place de la garde alternée. Sa mère, Mme X, et son père, M. Y, illustrent combien la situation peut devenir problématique pour le développement psycho-affectif de l’enfant.

Les mères, souvent au centre de la décision de refuser la garde alternée, invoquent des raisons liées à la stabilité émotionnelle et au bien-être de leurs enfants. La résidence alternée peut susciter des craintes légitimes quant à la capacité des enfants à s’adapter à deux foyers distincts, ce qui ajoute une dimension psychologique non négligeable au débat sur la garde partagée.

Les implications légales et judiciaires

L’article 373-2-9 du Code civil stipule que la résidence de l’enfant peut être fixée en alternance au domicile de chacun des parents ou au domicile de l’un d’eux. Cette disposition légale permet aux juges de déterminer la meilleure solution en fonction de l’intérêt de l’enfant.

L’article 388-1 du Code civil ajoute une dimension de participation active : l’enfant peut demander à être auditionné par le juge aux affaires familiales. Cela permet d’entendre la voix de l’enfant dans le processus de décision, bien que cette audition soit souvent délicate.

La Cour d’appel de Versailles rappelle que seul l’intérêt de l’enfant doit être pris en compte par le juge lorsqu’il fixe les modalités de garde. Cette approche est fondamentale pour garantir que les décisions prises ne soient pas influencées par des considérations autres que le bien-être de l’enfant.

  • Cour d’appel de Bordeaux : décide de refuser la garde alternée si l’un des parents a une profession trop prenante.
  • INSEE : la proportion d’enfants sous le régime de la résidence alternée a doublé entre 2010 et 2016.

Ces statistiques montrent une évolution significative des pratiques de garde, mais révèlent aussi les défis logistiques et professionnels qui peuvent influencer les décisions judiciaires. Les juges doivent naviguer entre les réalités pratiques des parents et les besoins émotionnels des enfants pour rendre des décisions équilibrées.

maman  garde

Les témoignages et perceptions sociales

Les témoignages de mères qui refusent la garde alternée révèlent une complexité souvent ignorée. Eloïse, par exemple, a décidé de ne plus aller chez son père, un choix difficile mais nécessaire pour son bien-être. Vanessa, quant à elle, se sent jugée par ses amies pour ne plus vivre avec son fils. Ces expériences soulignent les pressions sociales auxquelles les mères sont confrontées.

Marie et Élisa ont choisi de laisser la garde des enfants à leur ex-compagnon, une décision qui, bien que pragmatique, est souvent mal perçue. Alessandra Sublet, célèbre animatrice, a été critiquée pour avoir laissé ses enfants à Paris avec leur père. La société semble encore attendre des femmes qu’elles incarnent le modèle de la mère idéale, comme l’explique Christine Castelain-Meunier, sociologue au CNRS.

Anne-Catherine Sabas, psychologue, explique que la société attend énormément des femmes, et celles qui ne correspondent pas à cette image de mère idéale sont toujours à un moment donné rattrapées par la culpabilité. Régine, qui a quitté le domicile familial, en témoigne : « Je me sentais étouffée, mais j’ai dû faire face à des jugements sévères. »

Marie Claire a publié un article sur ces mères qui renoncent à la garde de leurs enfants, un sujet encore tabou. Ces témoignages montrent que le refus de la garde alternée n’est pas nécessairement un caprice, mais souvent une décision prise dans l’intérêt des enfants et sous la pression de normes sociales encore rigides.